Employeurs, vos obligations de suivi médical des salariés ont changé

A l’occasion de l’entrée en vigueur des dispositions relatives à la protection de la santé des salariés de la loi Travail, le 1er janvier 2017, le parcours de surveillance médicale du salarié au sein de l’entreprise se transforme.

Un décret du 27 décembre 2016 est venu ainsi préciser un certain nombre d’éléments sur les obligations de suivi médical que l’employeur doit mettre en œuvre tout au long de l’exécution du contrat de travail.

 

 Une nouvelle périodicité des visites médicales des salariés

La loi du 8 août 2016 institue un suivi individuel médical des salariés adaptés à leurs conditions de travail et supprime le principe des visites médicales d’embauche et biennales.

Les principales modifications apportées par la loi en ce qui concerne le suivi médical des salariés sont résumées dans les tableaux ci-dessous.

 

Suivi médico-social du salarié lors de son recrutement

Salariés non soumis à des risques particuliers à leur poste.

Salariés exposés à un poste présentant des risques particuliers.

Cas de figure

 

Article L.4624-1 alinéa 5 du Code du travail

Décret n°2016-1908 du 27 décembre 2016

Le poste du salarié n’est pas soumis à des risques particuliers

Remarque : Le salarié peut être orienté vers un suivi adapté auprès du médecin du travail dans certaines situations, notamment d’invalidité, ou dès que le professionnel de santé le juge utile.

Ces risques pèsent sur la santé du salarié ou sa sécurité, ou pour celles de ses collègues ou des tiers évoluant dans l’environnement immédiat de travail.

Une liste de ces postes, par exemple un poste exposé à l’amiante, est précisée par décret.

Nature de la visite initiale

Article L.4624-2 du Code du travail

Visite d’information et de prévention réalisée par un médecin du travail, un collaborateur médecin, un interne ou un infirmier en santé au travail.Examen médical d’aptitude, effectué obligatoirement par un médecin du travail.
Date de la visite initiale

Décret n°2016-1908 du 27 décembre 2016

•        Dans les trois mois à compter de la prise effective du poste.

•        Préalablement à l’affectation du poste pour le travailleur de nuit ou âgé de moins de 18 ans

Réalisée avant l’embauche
Dérogation au principe de la visite

Décret n°2016-1908 du 27 décembre 2016

La visite n’est pas obligatoire notamment lorsque le salarié, recruté pour un emploi identique, a déjà bénéficié d’une visite de ce type dans les 5 ans précédant son embauche.La visite n’est pas obligatoire notamment lorsque le salarié, recruté pour un emploi identique, a déjà bénéficié d’une visite de ce type dans les deux ans précédant son embauche.

La périodicité des visites médicales en cours d’exécution du contrat est désormais fixée par le médecin du travail, selon les conditions de travail du salarié.

Suivi médico-social du salarié pendant l’exécution du contrat
 

 

Salariés non soumis à des risques particuliersSalariés soumis à des risques particuliers
Périodicité des visites médicale de suivi

 

Décret n°2016-1908 du 27 décembre 2016

 

Fixée par le médecin du travail en fonction des conditions de travail, de l’âge, de l’état de santé et des risques auxquels est exposé le salarié, dans la limite de cinq ans.

 

Pour les travailleurs handicapés ou les travailleurs de nuit, les visites ne peuvent être espacées de plus de trois ans.

Périodicité fixée par le médecin du travail, dans la limite de 4 ans

 

Au plus tard deux ans après la visite du médecin, Visite intermédiaire effectuée par le collaborateur médecin, interne ou infirmier en médecine du travail.

Mesures d’aménagement du poste ou des horaires de travail

 

Article L4624-3 du Code du travail

 

Article L4624-5 du Code du travail

 

Le médecin ne peut proposer ces recommandations individuelles qu’après avoir échangé avec le salarié et l’employeur.

 La rupture du contrat de travail : réforme du licenciement pour inaptitude

La loi du 8 août 2016 unifie et assouplit la procédure de constatation et de licenciement en cas d’inaptitude physique du salarié, spécifiquement dans le cas où son état de santé fait obstacle à tout reclassement dans l’emploi.

  • La constatation de l’inaptitude

L’obligation de pratiquer deux visites médicales espacées de 15 jours a été supprimée, une seule visite médicale suffisant désormais pour que le médecin constate l’inaptitude du salarié à son poste. (Article L.4624-4 du Code du travail)

En revanche, le médecin du travail devra faire précéder son avis d’une étude du poste et d’un échange avec l’employeur et le salarié. (Article L.4624-4 du Code du travail)

En cas de contestation de l’avis du médecin du travail, le salarié ou l’employeur pourront désormais saisir le Conseil des prud’hommes en référé afin de faire désigner un médecin-expert.  (Article L.4624-7 du Code du travail)

  • Le licenciement pour inaptitude
  • Un cas de dispense de recherche de reclassement

Le médecin du travail peut dispenser l’employeur de toute recherche de reclassement  (Article L. 1226-12 du Code du travail).

Il en sera ainsi si le médecin du travail mentionne, alternativement :

- que tout maintien du salarié dans l’emploi  serait gravement préjudiciable à sa santé;

- que l’état de santé du salarié fait obstacle à tout reclassement dans un emploi.

  • Unification des procédures de licenciement

Enfin, la procédure à suivre est désormais la même quelle que soit l’origine de l’inaptitude c’est-à-dire qu’elle soit d’origine professionnelle ou non :

  • Les délégués du personnel, s’ils existent, doivent désormais être consultés dans tous les cas (Article L.1226-2 du Code du travail): la consultation doit intervenir avant de soumettre les propositions de reclassement au salarié.
  • Les raisons de l’impossibilité de reclassement doivent être formalisées par écrit au salarié avant de procéder au licenciement. (Article L4624-6 du Code du travail)

 L’obligation de reclassement est désormais réputée satisfaite lorsque l’employeur a proposé un emploi en prenant en compte l’avis et les indications du médecin du travail. (Article L.1226-12 du Code du travail)

AvantAprès
Constatation de l'inaptitude physique

Article L.4624-4 du Code du travail

Sauf danger immédiat ou visite de préreprise dans les 30 jours précédents, déclaration d'inaptitude par le médecin du travail à l'issue :
- d'une étude de poste
- de 2 examens médicaux espacés de 15 jours
Déclaration d'inaptitude par le médecin du travail à l'issue :
- d'une étude de poste
- d'un échange avec l'employeur et le salarié
- d'un constat d'inaptitude physique
Forme de l'avis d'inaptitude physique

Article L.4624-4 du Code du travail

Avis assorti d'indications sur la capacité du salarié à bénéficier d'une formation si l'inaptitude physique résulte d'un accident du travail ou d'une maladie professionnelle et que l'intéressé travaille dans une entreprise de moins de 50 salariésAvis assorti d'indications écrites sur le reclassement du salarié et d'indications sur la capacité du salarié à suivre une formation
Recours contre l'avis du médecin du travail

Article L.4624-7 du Code du travail

Recours devant l'inspecteur du travailRecours devant la formation de référé du conseil de prud'hommes qui désigne un médecin expert près la cour d'appel
Dispense de recherche de reclassement par le médecin du travail en cas de risque pour la santé du salarié

Article L. 1226-12 du Code du travail

Limitée au salarié :
- dont l'inaptitude physique résulte d'un accident du travail ou d'une maladie professionnelle
- titulaire d'un CDI
Possible quels que soient :
- la cause de la maladie ou de l'accident
- le contrat de travail (CDI ou CDD)
Avis des délégués du personnel sur le reclassement préalable du salarié inapte

Article L.1226-2 du Code du travail

Consultation des DP en cas d'inaptitude physique résultant d'un accident ou d'une maladie professionnelleConsultation des DP obligatoire quelle que soit la cause de la maladie ou de l'accident
Notification écrite au salarié de l'impossibilité de le reclasser

Article L4624-6 du Code du travail

Notification en cas d'inaptitude physique résultant d'un accident ou d'une maladie professionnelle

Notification obligatoire quelle que soit la cause de la maladie ou de l'accident